samedi 12 mars 2011

Le céladon coréen


Le céladon est un type de céramique, propre à la Chine (en chinois : qingci 青瓷, littéralement "porcelaine verte") et à l'Extrême-Orient, typique de la Corée de la période Koryŏ (918-1392), utilisant une glaçure verte ou bleu-gris translucide. Les céramiques céladon de l'époque Koryŏ sont les objets d'art coréen les plus connus au monde. Le céladon est particulièrement apprécié en Asie, car il permet d'obtenir la couleur du jade, la pierre sacrée.

Les céladons doivent leur nom au berger Céladon, personnage d'un roman précieux de 1610, L'Astrée, d'Honoré d'Urfé. Le dénommé Céladon portait des rubans verts, le céladon désignant aussi cette couleur.  L'Astrée a été écrit à une période où les produits qingci des ateliers chinois de Longquan gagnaient en popularité en France : la couleur des porcelaines chinoises a alors été comparée aux vêtements de Céladon et cette association est restée, reprise ensuite dans d'autres pays.

La porcelaine coréenne au céladon apparaît au xe siècle près d'Inchon (ville différente de celle qui abrite l'aéroport, i.e. Incheon). Dès l'an 1000, grâce à l'influence de la Chine et à de longues recherches, le céladon coréen atteint un haut degré de raffinement. Ses teintes bleutées le distinguent du céladon chinois. Les autres productions sont délaissées, et cette technique prévaut sur toutes les autres.
La période Koryô (918-1392) est considérée comme l'âge d'or de la céramique en Corée. Environ 270 fours de potiers existaient alors ; les pots aux lignes très pures, la sophistication des décors témoignent du style de vie raffiné et du goût recherché du clergé et des nobles de cette époque. Ils étaient fascinés par la profondeur et la transparence de l'émail céladon, par la subtile couleur bleu- vert qui recouvrait la très grande majorité des pots.

Céladon, dynastie Yi

L'histoire des céladons coréens se divise en trois périodes. 

La première (1050-1150) est celle du pur céladon ; à la pureté et la virtuosité de la forme s'allie un émail sans craquelures d'une telle profondeur qu'on n'en distingue pas la limite avec l'argile. Les formes sont très variées : tasses découpées comme la fleur de lotus, avec leurs sous-tasses, récipients pour le vin en forme de melon ou de calebasse, brûleurs à encens surmontés d'un animal fantastique, compte-gouttes représentant des fruits... Les décors sont incisés dans l'argile, arabesques, fleurs, phénix... et dénotent une influence des artisans khitans du Royaume de Liao. Les plus beaux spécimens ont été découverts dans la tombe du roi Injong mort en 1146.
La deuxième période (1150-1250) est celle du céladon incrusté. Sa technique purement coréenne consiste à remplir d'engobe blanche ou noire les incisions du décor sur l'argile pas encore sèche. Le surplus est gratté et laisse apparaître un dessin aux lignes incisives. Particulièrement célèbres sont les "Mae-pyong" décorés de grues et de nuages, les petites bouteilles et boîtes à cosmétiques ornées de chrysanthèmes. L’appellation "maebyong" est la transcription coréenne du célèbre terme chinois "meiping". Déjà prisé par la dynastie chinoise des Song du Nord (960-1127 de notre ère), ce type de création est considéré comme un véritable tour de force des céramistes Koryô, dont la renommée est universellement louée. Quant à la forme du "maebyong", on la retrouve aussi comme support d’une technique nouvelle, apparue au cours du XIIe siècle et reconnaissable à l’incrustation de barbotine blanche ou noire, que l’on appelle "sanggam". Cette catégorie raffinée, témoigne d’une évolution décorative propre à la Corée, qui illustre parfaitement la sensibilité qui prévaut à la fin de l’époque Koryô. Les fours de Kangjin et de Puan étaient à leur apogée et recevaient le patronage de la cour. Le transport des céramiques se faisait par bateau, les ateliers s'établissaient de plus en plus près de la côte, au fil des années. Des tuiles en céladon recouvrirent les toits des pavillons princiers, les céramiques rituelles bouddhistes empruntèrent leurs formes et leurs décors aux objets de métal. Apparut aussi l'usage de l'oxyde de cuivre qui donnait une note de couleur vive. C'est par la suite que les Chinois de Yuan employèrent celui-ci pour leur "rouge sang de bœuf".

La troisième période (1250-1392) est celle du déclin du céladon. En 1231, l'invasion mongole marqua le début d'un long appauvrissement du pays et l'histoire de la céramique reflète cela d'une certaine manière.
Les techniques de cuisson se détériorèrent, et le céladon fit place au "Punch'ong", une glaçure grise à la cendre recouvrant les poteries aux décors engobés.

Les céladons représentent une période de prospérité et de génie artistique qui émerveille encore Orientaux et Occidentaux. Après avoir absorbé les influences chinoises et Liao dans les domaines technique et artistique, les potiers de l'époque Koryo ont magnifié le caractère purement coréen de leur production. Un grand sens de l'équilibre des formes, une maîtrise parfaite de la ligne, une élégance proche de celle de la Nature, sont les caractéristiques majeurs du céladon coréen.

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